Le manager augmenté

Je suis Anne, fondatrice de l’étincelle RH, psychologue sociale de métier et 20 ans derrière moi à accompagner les organisations et les êtres humains dans leurs enjeux communs du « travailler ensemble ».

Il y a quelques mois, je balance de bon matin une punchline à mon associé : « on ne peut plus parler de manager, aujourd’hui l’enjeu c’est le manager augmenté d’équipes augmentées ». Sic.

Depuis on bosse le sujet et on explique. Le sujet recèle trois questions :

  • à quoi les managers font face ?
  • comment peuvent-ils s’y adapter ?
  • en somme, comment être un ou une manager augmenté·e ?  

C'est le feu - Manager Augmenté - L'étincelle RH

Le temps des constats : c’est le feu 🔥

Nous sommes vertigineusement tous entraînés dans une accélération de la transformation de nos systèmes, quels qu’ils soient. Les transitions environnementales nous poussent à réagir et faire évoluer nos business models, nos indicateurs et nos organisations. La vertu du soutenable nous oblige et nous pousse à faire émerger l’extra-financier, les critères des appels d’offres en sont l’illustration la plus concrète.

Les transitions sociétales nous engagent à avoir plus d’attention à l’Autre et à l’Humanité. Comment vivre ensemble dès lors que nous allons vers 9 milliards d’êtres humains sur Terre ? Cette croissance démographique et les flux qui y sont associés nous font réfléchir et agir pour un vivre ensemble qui soit équilibré. Dans cette phase de transition, émergent partout des tensions émotionnelles et une montée, malgré tout et paradoxalement, de l’individualisme.

Les transitions sociales en sont une conséquence évidente. La pandémie de COVID nous a propulsés dans une nouvelle ère du travail où la distance n’est plus, où le type de contrat qui lie organisation et collaborateur et collaboratrice est secondaire, où l’engagement est plus fragile.

Enfin, les transitions technologiques, au-delà de l’invasion informationnelle et des débats qu’elles engendrent dans la sphère de l’entreprise, bouleversent nos schémas. Etions-nous prêts à cet impact ? Non.
Le serons-nous un jour ? Espérons-le mais avec la conscience que le coup d’après est de plus en plus complexe à imaginer.
Devons-nous nous en réjouir ? Oui, à beaucoup d’endroits de nos modes de fonctionnement, le profil peut être entier au bénéfice des êtres humains.

Encore faut-il rester humains.


Retour aux sources : c’est quoi manager en réalité ? 🤔

Manager, c’est coordonner des ressources, humaines avant tout, matérielles et de gestion aussi, vers un but commun.

Manager, c’est donc aussi prendre ce système global de ressources pour l’amener vers le changement. Manager c’est surfer sur la vague et maintenir la fluidité.

Manager, c’est aussi, dans le changement, garantir l’intégrité, la croissance et la sécurité morale et matérielle des individus et des organisations.

Dans un monde en transition, le système à coordonner s’est complexifié. Il a « augmenté » intellectuellement (les IA), moralement (les transitions sociales et sociétales), scientifiquement (les transitions environnementales).

Dans ce contexte de systèmes d’augmentés, d’équipes augmentées, nous avons besoin de managers augmentés eux aussi.


Et alors quoi ? On se greffe un cerveau bionique ? 🧠

La réponse serait trop courte et impossible à tenir d’un point de vue scientifique et philosophie a minima !

Il est plus simple d’y répondre par trois axes essentiels.

1. Je suis manager, je suis un être humain et je me connais avant tout.

Dans toute situation complexe pour laquelle nous avons un rôle à jouer, l’important est de connaître le point « zéro » : soi-même.

Le/la manager ne peut pas faire l’impasse sur un travail d’introspection, de découverte et d’analyse de ses propres modes de fonctionnement et la liste est longue : comment je réfléchis ? comment j’apprends ? comment je comprends les autres ? quelles sont mes aptitudes propres ? quelles sont mes limites intellectuelles ? quelles sont mes facilités en communication interpersonnelle ? quelles sont mes leviers de motivations ? quelles sont mes modes d’organisation professionnelle ? de quoi ai-je besoin pour bien fonctionner dans une organisation ?

Toutes ces questions demandent un travail de réflexion et d’analyse accompagné, un véritable assessment pour rationaliser et formaliser son propre mode de fonctionnement. Cela afin de le mettre au service des autres et de l’organisation à bon escient, pour ne risquer la surenchère ni, a contrario, la sous-exploitation de mes talents et ressources.

Ce travail doit être réalisé avec objectivité et neutralité par un accompagnant externe qualifié pour apporter l’effet miroir le plus pertinent qui soit : aller directement vers du coaching ou se contenter d’entretiens annuels n’y suffiront pas, il s’agit de poser un état des lieux de son profil professionnel et le mettre en perspective.

2. Je suis manager et je suis faillible par nature

Pour être solide, chaque individu en responsabilité d’accompagner les autres doit savoir se préserver. Pourquoi ? Parce que la bienveillance et la disponibilité à l’Autre qui sont requises demandent une sérénité intérieure accrue, la possibilité de trouver la bonne respiration au bon moment pour comprendre sans se faire happer.

Le développement personnel permet ici de comprendre ses lames de fond, ses pensées limitantes et ses propres peurs. Il doit s’accorder – reste à bien le doser pour conserver une lecture émotionnelle ouverte et ne pas surenchérir vers une quête d’hyper bien-être que l’on n’atteindrait jamais (l’être humain apprend de ses échecs et de ses doutes, cela va de soi).

La déontologie est le point de vigilance à avoir pour choisir les dispositifs permetant cette ouverture à soi-même et à ses propres valeurs de fond.

3. Je suis manager et je continue d’explorer en m’ouvrant sur le monde

Chaque manager peut et doit conserver cette étincelle qui nous fait rester humain : la capacité à explorer et progresser !

Face aux enjeux technologiques et aux transitions de tous ordres, il est indispensable de poursuivre sans cesse un travail de veille, d’expérimentation, de confrontation entre ce que l’on pose et ce qui advient de transformation. On met les mains sous le capot (notamment technologique) et on essaye, on se plante et on recommence. L’enjeu est d’être inspiré, certes, ET de faire, d’agir, de voir, de se rendre compte de façon pragmatique et concrète que l’on ne sait pas mais que l’on peut progresser.

La formation professionnelle devient alors plus que jamais indispensable, requiert une fréquence et de penser les sujets (évitons le « faire pour faire », soyons acteurs intelligents de nos propres choix d’apprentissage).

Le recours aux communautés « ressources » constitue assurément un véritable atout : mes pairs Managers dans l’organisation pour bosser notre culture et avancer de concert avec solidarité, mes pairs ou partenaires externes pour confronter mes vues en toute neutralité, normaliser mes difficultés, encourager mes avancées, désacraliser mes craintes.


Convenons que manager n’était pas un art. En revanche, il le devient dès lors que l’on comprend que la part d’instinct, l’expression de soi, la capacité d’apprentissage et les émotions subliment les méthodes et outils à disposition.

Être manager augmenté, c’est, en somme, devenir toujours plus humain.