J’ai peur qu’un salarié aille mal

Dernière mise à jour le 12/08/2024

Bande de Flippés, c’est notre podcast en partenariat avec myRHline.

Dans cet épisode :

Vous pouvez l’écouter, ou simplement lire la transcription ci-dessous.

Bouh !

À retenir de cet épisode

  • Camille craint que les salariés ne souffrent au point de nuire à leur santé ou de provoquer un burn-out, surtout après son expérience chez France Télécom et la crise COVID-19.
  • Le mal-être des collaborateurs est difficile à cerner, souvent causé par des facteurs personnels et professionnels. Les risques psychosociaux sont une grande préoccupation pour les RH.
  • Les RH doivent prévenir et gérer les risques psychosociaux, collaborer avec des professionnels comme la médecine du travail, et aider les managers à détecter les signes de mal-être.
  • Camille recommande de créer un environnement bienveillant, de se former régulièrement. Elle partage l’exemple d’un manager ayant transformé son stress en formation pour ses équipes.
  • Trouver un équilibre entre l’attention individuelle et les objectifs de l’entreprise est un défi pour les RH.
  • Gérer ses propres émotions est difficile pour les RH. Camille suggère de se faire accompagner, d’utiliser des techniques comme la sophrologie et de maintenir un bon équilibre personnel.
  • Camille conseille aux jeunes RH de bien se connaître, de préparer les interventions, de créer un climat de confiance, et de se former continuellement pour gérer les situations difficiles.

« La première chose que je dirais à un jeune RH, c’est d’apprendre à bien se connaître. Il faut qu’un RH soit bien pour être vraiment au bon niveau d’empathie, de prise de recul. »

La transcription du podcast

Camille [00:00:00] J’ai peur qu’un ou une salariée aille mal.

L’étincelle RH [00:00:05] Bienvenue dans Bande de Flippés, le podcast qui explore les peurs des DRH et des recruteurs. Que l’on ait 2 ou 20 ans d’expérience dans la fonction, les doutes subsistent, inhérents à la complexité de la nature humaine. A qui puis-je en parler ? Dois-je partager à ce sujet ? Où trouver les solutions ? Nous partons à la rencontre de DRH, RH, recruteurs et recruteuse qui se confient à notre micro et ont décidé d’affronter la peur de parler de ses peurs.

L’étincelle RH [00:00:35] Nous sommes aujourd’hui avec Camille, DRH chez Capgemini, DRH chez Omnicom, DRH chez Mews Partner. Plus de 25 ans d’expérience dans les ressources humaines et pourtant flippée. Bonjour Camille.

Camille [00:00:48] Bonjour Etienne.

L’étincelle RH [00:00:49] Est-ce que tu peux nous expliquer ta peur ?

Camille [00:00:51] J’ai peur qu’un salarié aille mal, c’est-à-dire que j’ai peur qu’un salarié se sente pas bien jusqu’à ce que ça puisse altérer sa santé, voire aller jusqu’à un burn out par exemple.

L’étincelle RH [00:01:06] Ça veut dire quoi un collaborateur qui ne va pas bien justement ?

Camille [00:01:09] C’est difficile à cerner car ça va dépendre des individus. C’est pas forcément la même définition chez tout le monde, et ça peut être aussi parfois multifactoriel, c’est-à-dire venir à la fois du professionnel ou du personnel. On parle beaucoup de risques psychosociaux depuis ces dernières années, et notamment avec la crise Covid qui a énormément accentué les cas. Et on a été, nous, en première ligne pour gérer des collaborateurs qui allaient parfois mal chez eux, qui se sentaient isolés notamment, et les cas de burn out ont augmenté de 25 % depuis 2021. On est en première ligne, nous les RH, sur ces sujets-là, c’est une de nos grosses préoccupations, au même titre que les dirigeants.

L’étincelle RH [00:01:56] Et d’où vient cette peur ? Est-ce qu’elle est liée à une situation de collaborateurs que tu as pu rencontrer ? Est-ce qu’il y a des organisations dans lesquelles t’as pu travailler ? D’où vient cette peur ?

Camille [00:02:06] Alors je pense que cette peur peut être liée à des environnements de travail, à des modes de management notamment, mais elle peut aussi être liée à peut-être des choses que j’ai pu vivre moi en tant que RH. J’ai notamment été RH dans le domaine des télécoms au moment de la vague de suicides chez France Télécom. Donc j’ai peut-être été marquée par cela en début de carrière. Mais du coup j’ai eu la chance d’être formée assez tôt sur la prévention et la gestion des risques psychosociaux avec cette expérience. Donc voilà, je pense que ça ça m’aide au quotidien.

L’étincelle RH [00:02:48] Et est-ce que c’est le rôle des RH que les gens aillent bien ?

Camille [00:02:53] C’est en tout cas le rôle de l’entreprise, de protéger la santé de ses salariés. Donc le RH a un rôle de prévention, d’accompagnement et de gestion sur ce sujet. Mais il peut y avoir des sujets qui dépassent son domaine de compétence et là, c’est important qu’il s’appuie sur des professionnels. Je sais que dans certaines situations, et notamment pendant la crise Covid, je me suis beaucoup appuyée sur la médecine du travail, ils nous ont aidé à mettre en place des cellules de soutien psychologique notamment. Moi j’hésite plus maintenant à m’appuyer sur des professionnels et je pense que c’est aussi le rôle des managers qui sont en fait les premiers RH des collaborateurs. Nous en tant que RH, on n’est pas au courant de tout, on ne peut pas être toujours devant chaque collaborateur. Donc je pense que c’est très important qu’on crée un climat de confiance, qu’on accompagne, qu’on forme les managers pour qu’ils puissent arriver à détecter les situations où les salariés seraient mal et que ça puisse nous remonter, en tout cas qu’on puisse être alerté en temps et en heure.

L’étincelle RH [00:04:03] On parle beaucoup justement de ces enjeux de risques psychosociaux qui ont été accentués avec le Covid, comment on arrive à faire la part entre ce qui est la responsabilité de l’entreprise et la responsabilité des individus, c’est-à-dire jusqu’où on doit aller sur ces sujets ?

Camille [00:04:18] Alors c’est compliqué parce que c’est multifactoriel. L’entreprise, forcément, doit évaluer les risques, mettre en place des formations, les mesures adaptées. Mais par moment, ça va dépasser le cadre. Donc je pense qu’il faut faire justement très attention à la limite de responsabilité. L’entreprise ne peut pas être responsable de tout, tout porter. Pour autant, on parlait ces dernières semaines de tout ce qui est violences faites aux femmes etc. Et là on est là pour mettre en place des mesures pour détecter et accompagner des situations qui pourraient arriver de type harcèlement ou autre.

L’étincelle RH [00:05:05] Là tu donnes un exemple de situation d’action. C’est quoi les actions qu’on peut faire quand on est RH pour être attentif à ce que les gens aillent bien ?

Camille [00:05:13] Alors je pense qu’il y a plusieurs actions qu’on peut faire. La première, c’est de créer un environnement de travail qui soit bienveillant, qui soit propice à la communication, pour que finalement les salariés puissent se confier. On parle des peurs du DRH, mais j’imagine la peur d’un salarié pour oser franchir, franchir la porte d’un DRH, notamment pour confier son mal être. Je pense que la culture d’entreprise est très importante aussi. Moi, j’ai eu la chance de rejoindre une entreprise récemment qui a une culture très bienveillante, très centrée sur l’humain et je trouve que ça fait toute la différence. Je pense aussi qu’il faut se former en tant que RH. Moi j’essaie de me former régulièrement : j’ai été formé au feedback constructif, écoute active, prévention des risques psychosociaux, je forme aussi beaucoup les managers sur ces sujets. Je pense que ça c’est important. Et aussi accompagner les salariés parce que finalement c’est important de les aider à gérer leur stress, mieux gérer leurs priorités notamment. Je peux peut-être raconter une anecdote : j’avais notamment un des managers qui avait un poste important dans l’organisation, qui un jour s’est aperçu qu’il allait vraiment pas bien parce qu’il se mettait à vomir dès qu’il entendait un de ses clients au téléphone. Au bout de plusieurs fois, il s’est dit « je ne vais pas bien » et du coup il s’est intéressé au sujet. Il a compris qu’il y avait une réaction très très violente par rapport à ce client et il s’est formé à la gestion de la charge mentale. Et maintenant il forme les salariés de son entreprise à la gestion de la charge mentale. Et je trouve que cet exemple est super parce que je pense vraiment qu’en formant, en accompagnant et les managers et les salariés, on arrivera à prévenir ce type de sujet.

L’étincelle RH [00:07:14] Dans les DRH qui vont sûrement nous écouter, certains sont parfois pris entre le paradoxe de l’attention à apporter à chacun et l’attention au business, à l’activité. Parce qu’il faut délivrer, il faut produire. Comment on arrive à gérer ces paradoxes ? C’est quoi les bonnes astuces pour gérer cette attention à la fois aux collaborateurs et à la fois au business ?

Camille [00:07:36] C’est difficile, c’est toute la complexité du job de RH. Mais justement, je pense qu’il faut trouver l’équilibre, il faut réussir à gérer les deux. On doit être conscient, bien comprendre les enjeux business, sinon on risque d’être à côté. Je pense que dans ma carrière, et pour avoir échangé avec pas mal de RH, parfois on peut être tenté d’aller trop du côté de la prise en compte du bien-être des salariés, puis oublier parfois certains enjeux, certains points importants business. Un bon RH, c’est quelqu’un qui est capable d’avoir une attention équilibrée sur les deux sujets.

L’étincelle RH [00:08:23] Et cette peur, elle est liée à l’environnement ? Aux managers ? Aux dirigeants ? Elle est présente dans toutes les organisations que tu as pu connaître ?

Camille [00:08:31] Je pense que ça dépend des cultures, des entreprises, et aussi de l’environnement. Il y a des environnements qui sont plus complexes que d’autres. Mais je trouve que de plus en plus on met l’attention sur le bien-être, la qualité de vie au travail, on est de plus en plus soucieux de ces sujets-là et je vois de plus en plus d’entreprises et de dirigeants qui mettent l’accent là-dessus. Donc je pense que ça va dans le bon sens et que ça permettra aussi de changer les choses.

L’étincelle RH [00:09:07] Est-ce que c’est aussi l’objectif de ta prise de parole aujourd’hui sur le sujet ?

Camille [00:09:11] Alors moi, l’objectif de ma prise de parole aujourd’hui, c’est de partager mon vécu de RH parce que c’est pas simple de gérer ces sujets-là. On attend toujours d’un RH qu’il soit très fort, qu’il ait les épaules solides. Je pense que c’est un être humain avant tout, qui a ses propres limites, ses émotions à gérer, sa vie privée aussi à gérer en parallèle à sa vie professionnelle. Donc je pense qu’un RH il a le droit aussi de ne pas aller bien parfois. Moi ça m’est arrivé dans ma carrière de ne pas aller bien et ça m’a beaucoup apporté. Je pense qu’il y a un avant et un après. Je pense que j’ai appris à prendre conscience de mes propres limites, à peut-être mieux détecter les signaux que peuvent émettre des salariés qui ne vont pas bien. Donc voilà, je pense que je suis là aussi pour partager ce vécu et rappeler que le RH n’est pas forcément l’être super puissant qui a réponse à tout. Il est là pour accompagner, aider, faire un effet miroir aussi je pense à des organisations ou par exemple des environnements d’entreprise où les salariés peut-être seraient en difficulté. Donc je pense qu’il a ce rôle-là, ce rôle d’effet miroir qui est important.

L’étincelle RH [00:10:41] Les RH sont parfois en effet peu formés sur le sujet alors que c’est un enjeu fondamental, comme tu l’évoques. Je suis un jeune RH qui t’écoute, je suis face à un collaborateur qui vient me voir dans mon bureau, qui ne va pas bien, qui pleure. Je n’ai jamais géré ce type de situation. Comment je m’y prends ? C’est quoi les conseils que tu me donnerais ?

Camille [00:10:59] Alors le premier conseil que je donnerais à un jeune RH, c’est déjà d’apprendre à bien se connaître, c’est primordial. Moi je me rappelle, j’avais un de mes dirigeants qui m’a dit un jour pendant la crise Covid « si toi notre DRH tu vas pas bien, c’est toute l’entreprise qui n’ira pas bien ». Et moi, ce conseil, il m’a portée et il me porte encore aujourd’hui. En effet, il faut qu’un RH soit bien pour qu’il soit vraiment au bon niveau d’empathie, bon niveau de prise de recul. Donc ça c’est la première chose. Je lui dirais aussi de bien préparer. Je pense que c’est très difficile pour un salarié de franchir la porte du DRH pour exprimer un mal-être, donc c’est déjà de bien préparer chaque intervention. Quand tu sais qu’une personne va venir pour bien analyser la situation. Et aussi d’instaurer un climat de confiance. On a plus envie de franchir la porte d’un RH qui a le bon niveau d’empathie, d’écoute, donc voilà, de se former en permanence sur ces techniques là qui sont souvent très efficaces.

L’étincelle RH [00:12:09] Et moi en tant que RH si je vais pas bien mais que justement j’ai un collaborateur qui vient me voir et qui va pas bien, comment je gère dans ce cas-là ? Il vaut mieux que je reporte le rendez-vous ? Et comment moi je me fais accompagner sur ces sujets ?

Camille [00:12:21] Alors en effet, je pense que si vraiment je suis pas bien en tant que RH, il vaut mieux reporter le  rendez-vous. Mais il y a des techniques aussi pour gérer ses émotions. Je pense que c’est ça la grande difficulté, c’est d’apprendre à gérer ses émotions. Donc moi j’utilise beaucoup des techniques issues de la sophrologie, la respiration, etc. Donc en règle générale, quand j’ai un salarié n’est pas bien en face de moi, j’ai appris à réguler mes émotions pour avoir le bon niveau d’écoute. C’est pas toujours simple, c’est sûr, mais c’est fondamental.

L’étincelle RH [00:13:05] On parle justement du RH dans sa gestion, on parle de la charge mentale, on parle en ce moment beaucoup de la charge mentale des RH qui vont mal paraît-il. Est-ce que tu partages cette perception et comment on arrive en tant que RH à se préserver ?

Camille [00:13:25] On m’avait dit quand j’ai débuté ma carrière « il faut que t’aies une carapace, que tu mettes ta carapace le matin quand tu vas au bureau et que tu l’enlèves le soir ». Alors moi j’ai essayé, ça marche pas du tout. Peut-être que ça marchera sur d’autres, moi, au contraire j’avais le sentiment d’étouffer mes émotions sous cette carapace. Donc ce que je pense fondamental c’est « on a des émotions, on est des êtres humains et donc il faut les laisser s’exprimer, mais apprendre à les réguler en permanence et ça fonctionne ». C’est aussi l’expérience qui joue beaucoup, l’expérience et puis se former au feedback, à l’écoute active, ça marche vraiment bien pour moi, je l’expérimente vraiment au quotidien.

L’étincelle RH [00:14:16] Et quand on va mal en tant que RH, sur qui on s’appuie ? Sur son boss ? Sur le médecin du travail ? Sur ses collègues ? Sur qui ?

Camille [00:14:25] Alors on peut très bien s’appuyer sur son boss, moi je m’appuie sur mon boss. Je n’hésite plus maintenant à exprimer mes ressentis, à dire quand je ne suis pas en accord avec certaines choses. Mais on peut aussi beaucoup s’appuyer sur ses pairs. Il y a de plus en plus de communautés de RH, moi je le fais beaucoup. Je sais que il y a parfois des communautés qui font du co-développement RH Donc ça c’est extrêmement efficace aussi. Donc moi je m’appuie beaucoup sur ce type de réseau.

L’étincelle RH [00:15:02] Quand tu dis sur ton boss « je le fais aujourd’hui », est-ce que tu penses que parfois les RH on n’ose pas parler à son boss, exprimer les choses ? On a peur d’être mal perçu si on dit que ça va pas ?

Camille [00:15:11] On a souvent peur. C’est pas facile parce que le RH on attend de lui qu’il sache gérer dans toutes les situations et notamment quand quelqu’un ne va pas bien. Donc forcément de notre côté de se dire qu’on va lui dire qu’on ne va pas bien, en tant que RH c’est pas simple. Mais oui, oui, je pense qu’il faut le faire et c’est justement important pour un RH de savoir le faire, choisir le bon moment, le faire de la bonne façon. Mais il faut vraiment le faire.

L’étincelle RH [00:15:41] On vient de parler de la relation à son boss, on vient de parler de ses collègues, en tout cas de l’échange entre pairs qui est important. Comment tu positionnes les partenaires sociaux dans tous ces sujets ? Est-ce que c’est un relai important pour échanger sur les situations de collaborateurs, mais y compris sur une situation à soi, de DRH, qui ne va pas bien ? Comment tu positionnes le lien avec les partenaires sociaux ?

Camille [00:16:00] Le lien des partenaires sociaux il est important et il faut dans des situations comme ça, de mal-être, les associer en amont. Je travaille beaucoup en amont avec des partenaires sociaux, quand il faut par exemple mettre en place des enquêtes dans des situations d’alerte par exemple, remonter par un salarié. Donc, au contraire, moi, je pense qu’il faut les associer très en amont et travailler avec eux pour essayer de bien cerner les problématiques et mettre les accompagnements adaptés.

L’étincelle RH [00:16:35] Est-ce qu’il y a d’autres peurs que tu avais envie de nous partager aujourd’hui ?

Camille [00:16:38] D’autres peurs, j’en ai, mais notamment re-gérer une crise sanitaire, mais je pense être mieux armée aujourd’hui. Je pense plus à gérer une crise économique par exemple importante. C’est également une de mes peurs.

L’étincelle RH [00:16:53] Dans les crises économiques on est justement parfois amené à devoir licencier des collaborateurs. C’est parfois des périodes où les gens vont mal. Quels conseils tu donnes à un jeune DRH qui doit gérer ce type de situation qui est à la fois l’annonce d’une mauvaise nouvelle, un collaborateur qui va potentiellement pas très bien ? Comment on gère ces moments qui sont très intenses émotionnellement ?

Camille [00:17:11] Il faut vraiment bien préparer. Moi, je prépare, je prends soin de préparer des annonces difficiles, j’essaie de bien analyser la situation, de me mettre un peu dans une posture d’écoute, d’empathie vraiment importante et de prendre le temps de le faire. C’est quelque chose qui est important. Aussi, peut-être de bien évaluer la situation pour mettre en place les solutions qui sont vraiment adaptées. Et puis aussi j’essaie d’avoir un bon équilibre de vie à côté, je pense que c’est important. J’essaie de me préserver, de préserver mon équilibre personnel. Je fais de la sophrologie, je fais beaucoup d’exercices de respiration pour être dans le bon état d’esprit dans ce type de situation. Et puis je n’hésite pas à me faire accompagner, je demande des conseils à des pairs, à des professionnels, dans des situations particulièrement difficiles.

L’étincelle RH [00:18:25] Dans le premier podcast qui était avec Marion, on parlaitde la peur de pas être apprécié, de la logique de sauveur qui existe parfois. Est-ce que tu penses que parfois, dans la peur que les gens aillent mal, on est aussi nous RH dans une espèce de posture de sauveur qui justement se fait à notre détriment et n’est pas forcément la bonne posture ?

Camille [00:18:45] Oui, je pense qu’on peut se retrouver dans cette situation de sauveur, mais justement c’est dangereux. On ne peut pas gérer toutes les situations, on n’a pas les réponses à tout. Dans ces situations là, c’est souvent multifactoriel, donc on ne peut pas tout maîtriser en tant que RH. Donc c’est dangereux. Justement, il faut avoir la prise de recul nécessaire pour pouvoir bien gérer les situations.

L’étincelle RH [00:19:16] Certains RH te diraient « oui, mais c’est pas toujours évident d’accepter qu’on a fait tout ce qu’on pouvait faire, mais que le collaborateur ne va toujours pas bien et donc finalement qu’on n’est plus responsable. Mais il est toujours là et on sait qu’il va pas bien ». C’est un espèce de paradoxe à gérer qui n’est pas toujours évident ?

Camille [00:19:34] Non c’est pas évident à gérer, mais c’est là où il faut s’appuyer sur des professionnels. C’est pas forcément dans notre rôle de réussir à gérer toutes les situations. Donc je pense qu’il faut réussir à mettre en place tout ce qu’on peut dans le cadre de notre rôle de RH, mais par moment il faut réussir à orienter vers des personnes qui seront plus à même d’accompagner le salarié. Et c’est là où c’est important en tout cas. Ce qu’il faut en tant que RH c’est réussir à instaurer la confiance, à faire que finalement le salarié va franchir votre porte et réussir à exprimer son mal-être. Si on arrive à ce que ça se fasse, là il y a des choses qu’on pourra  faire de notre ressort de RH, mais des choses qu’on ne pourra pas faire. Et là c’est aller voir les personnes compétentes.

L’étincelle RH [00:20:37] Et c’est quoi les clés ou les conseils que tu donnes à ton équipe pour que les collaborateurs osent franchir leur porte ?

Camille [00:20:43] Je n’en ai pas beaucoup parlé, mais il faut beaucoup s’appuyer sur les managers. C’est important, les managers sont là aussi. C’est travailler avec eux, travailler en équipe parce que  pour pouvoir réussir à donner envie, c’est d’être vraiment d’être au contact, d’être sur le terrain.

L’étincelle RH [00:21:05] C’est quoi l’émotion qui est la plus présente dans ton quotidien de RH ?

Camille [00:21:10] Moi, c’est l’enthousiasme parce qu’on apprend tout le temps. On vit des changements en permanence, donc je trouve que c’est particulièrement passionnant. C’est vraiment ça qui ressort.

L’étincelle RH [00:21:23] Comment on arrive en tant que RH à maintenir le juste équilibre entre ce besoin d’attention de chacun et l’intérêt collectif ? On a parfois le sentiment d’un excès à l’individualisation qui fait qu’on oublie le collectif.

Camille [00:21:38] C’est vrai qu’on parle beaucoup de l’individu en ce moment. Je pense que c’est important de faire attention aux deux. On peut très bien préserver des intérêts individuels, mais aussi préserver le collectif. Je pense qu’il faut en tout cas que l’attention soit portée sur les deux. Il faut faire très attention. Enfin, moi j’essaie de le faire en tout cas en tant que RH, à l’équité au sein de l’entreprise. Je pense que c’est un élément très important aussi dans le bien-être des salariés.

L’étincelle RH [00:22:11] On arrive bientôt à la fin du podcast. C’est quoi le conseil, de manière plus générale en tout cas, que tu donnerais à un jeune professionnel RH qui nous écoute ?

Camille [00:22:21] Je lui conseillerais d’apprendre à bien se connaître, c’est important. Et de bien réussir à préserver son équilibre de vie dès le départ.

L’étincelle RH [00:22:35] La connaissance de soi, t’en a parlé à plusieurs reprises dans ce podcast, ça semble être vraiment la clé ou le socle de quelque chose d’assez important pour toi.

Camille [00:22:43] Oui, c’est quelque chose d’important pour moi parce que je pense que c’est une fonction très exposée en fait. Quand on est RH, on est au centre de plein de choses. Il y a plein d’injonctions contradictoires, on a une charge mentale énorme. Donc en effet, si on n’arrive pas à cerner rapidement qui on est, quelles sont ses limites, je pense qu’on peut être exposé de manière assez importante. Donc il faut, je pense, apprendre à gérer ses émotions et donc forcément, c’est bien se connaître.

L’étincelle RH [00:23:26] Tu parlais tout à l’heure de l’enthousiasme que tu avais dans la fonction, en tout cas dans ce qui t’anime. C’est quoi aujourd’hui, dans ta fonction RH, ta plus grande source de motivation ou d’apprentissage ?

Camille [00:23:38] Ma plus grande source de motivation, c’est de décider de faire avancer les choses, que ce soit pour les salariés ou l’entreprise. Je trouve que c’est ça qui m’anime au quotidien et je pense que c’est aussi d’être finalement au centre des mutations du monde du travail. On vit des transformations énormes en ce moment ces dernières années et on est au cœur de tout ça. Je trouve ça passionnant.

L’étincelle RH [00:24:05] Et comment t’accompagnes tes équipes ? Toutes ces transformations génèrent aussi beaucoup de peurs, qui est l’objet de notre podcast. Comment on gère toutes ces peurs de toutes ces transfo à venir ? L’évolution des métiers, l’IA, comment toi tu les appréhendes ? Est-ce que ça génère de la peur ? Pas du tout ?

Camille [00:24:21] Pour moi ça ne génère pas de peurs, au contraire ça me génère plus de l’excitation. Je pense que le fait d’avoir peut-être vécu aussi plusieurs crises, m’a peut-être aidée aussi parce que j’ai pas mal d’années d’expérience, donc je pense que c’est tout ce qu’on vit là justement en tant que RH ce sont des occasions d’apprendre, et à chaque fois d’expérimenter de nouvelles choses. Donc moi je le vis plutôt comme ça. Maintenant, c’est vrai que pour des plus jeunes RH en effet, ou d’autres personnes, ça peut générer de la peur. Moi je pense que notamment sur ces sujets là, il faut pas hésiter à se former encore une fois. Il faut se former en amont, il faut former en amont, notamment sur l’IA. Donc c’est des choses qu’il faut mettre en place dans les entreprises rapidement.

L’étincelle RH [00:25:18] Merci d’avoir écouté Bande de Flippés. Un podcast imaginé et produit par L’étincelle RH en partenariat avec myRHline. Si vous avez des remarques, des suggestions ou si vous voulez partager vos peurs, n’hésitez pas à envoyer un message sur LinkedIn à Etienne Ageneau ou Christophe Patte. On se retrouve dans deux semaines pour découvrir un autre membre de la Bande de Flippés. Bouh.